Jamais deux sans trois?

mai 14, 2014 - 04:24 HAE

par Ryan Pyette for la LCH

Bo Horvat a vécu un moment historique de hockey junior majeur. Vous savez, ceux du genre à rester gravé dans votre mémoire jusqu’à la fin de vos jours?

Il a marqué le but gagnant dans un septième match de finale de la Ligue de l’Ontario dans les derniers instants de la troisième période pour vaincre les Colts de Barrie le printemps dernier au Budweiser Gardens. Il pourra un jour le raconter à ses petits-enfants. Après tout, c’est l’expérience ultime, non?

Pas vraiment en fait. L’attaquant des Knights de London a un dernier chapitre à écrire avant de se joindre aux Canucks de Vancouver. Il a les yeux fixés sur le prix le plus convoité de la Ligue canadienne de hockey.

« Tout joueur qui participe à trois tournois de la coupe Memorial sans jamais la gagner ne présente pas l’héritage le plus brillant », affirme le joueur de 19 ans originaire de Rodney en Ontario. « Cela resterait avec moi pour le reste de mes jours. Je veux au moins en gagner une. »

Pas de doute, le jeune homme est affamé.

Les Knights sont de retour, cette fois comme hôtes du Tournoi de la coupe Memorial MasterCard. Contrairement aux éditions précédentes, les Knights profitent de leur statut d’hôte pour être de la fête après avoir été écartés par le Storm de Guelph en deuxième ronde des séries éliminatoires de la Ligue de l’Ontario. Ce groupe remodelé, qui compte encore son lot de visages familiers, notamment Horvat, l’étoile montante Max Domi, espoir des Coyotes de Phoenix, le futur membre des Sabres de Buffalo Nikita Zadorov et les jumeaux Matt et Ryan Rupert, deux véritables pestes qui tenteront de faire valoir que la troisième fois sera la bonne pour mettre la main sur la Coupe Memorial MasterCard.

Ce groupe carbure sur deux thèmes principaux depuis l’automne dernier : la conviction que le reste de la Ligue de l’Ontario est épuisée de les voir gagner et leur refus d’accepter qu’ils deviennent la version sur glace des Bills de Buffalo et de leurs mésaventures au Super Bowl.

« Nous n’avons pas gagné de coupe Memorial et nous en sommes à une troisième participation », a déclaré Horvat comme si quelqu’un avait encore besoin d’un rappel. « Maintenant que nous avons ce laissez-passer automatique, nous voulons l’emporter. »

London a perdu 2-1 en prolongation lors de la finale de l’édition de 2012 aux mains des Cataractes de Shawinigan, hôte du tournoi. L’an dernier à Saskatoon, ils ont encore été éliminés suite à un revers de 2-1, cette fois aux mains des Winterhawks de Portland en demi-finale.

Ces gars n’essaient pas de reproduire les standards impossibles des Knights de 2005, une des meilleures équipes juniors de l’histoire qui a vaincu l’Océanic de Rimouski et Sidney Crosby par la marque de 4-0 à domicile pour le seul et inoubliable titre de la LCH du club.

« Nous avions une équipe incroyable [en 2005], » raconte l’affable Chris Maton, gérant de l’équipement d’expérience des Knights. « Au cours des dernières années, ce fut un peu plus compliqué. Les jeunes doivent faire les petites choses pour l’emporter. »

Cette saison la pente a été plus abrupte que les autres. En 2012 et 2013, les Knights ont terminé la saison au premier rang du classement général de la Ligue de l’Ontario avec 49 victoires, puis 50 la saison suivante

Cette fois, ils ont remporté 49 matchs certes, mais ils ont pris le quatrième rang de leur association, troisième dans leur division Midwest relevée derrière Guelph et les Otters d’Érié, deux équipes qui se sont affrontées en finale de l’Association Ouest de la Ligue de l’Ontario.

C’était la première fois que trois équipes de la même division concluaient la saison avec 100 points ou plus.

Les Knights ont fait partie de ces clubs centenaires grâce à une fin de saison enflammée, remportant 20 de leurs 23 derniers matchs. Cela a rappelé leur séquence record de 24 victoires il y a un an.

« C’est toute une séquence », rappelle Horvat. « Ce n’était peut-être pas 24-0, mais ce n’était pas loin. Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui ont connu autant de succès. Cela démontre beaucoup de caractère. »

Les cinq premiers mois du calendrier étaient un exercice pour bâtir le caractère et faire des expériences de chimie de groupe.

Le DG de London Mark Hunter s’est démené dès le début de la saison pour remplacer les gros noms qui sont restés chez les professionnels.

Aucun n’est plus important qu’Olli Maatta, le défenseur finlandais de 19 ans qui devait être le leader des Knights et leur général à la ligue bleue. Les Penguins de Pittsburgh avaient une autre idée pour le jeune homme qui s’est taillé un poste avec la grande équipe et il s’est retrouvé sur la troisième marche du podium olympique après un effort mémorable déployé à Sotchi.

Mark Hunter a donc acquis trois défenseurs de cinquième année, soit Alex Basso de Sarnia, Brady Austin de Belleville et Zach Bell de North Bay. Du coup, ils ont aussi utilisé l’attaquant polyvalent Brett Welychka à la ligne bleue. Buffalo a finalement retourné Zadorov en novembre pour offrir un soupir de soulagement de 6-pieds-5 à London. Il a offert aux Knights une production du niveau de Maatta de la ligne bleue et il a plus tard contribué à amortir la perte de Bell en séries quand il s’est fracturé une jambe en quarts de finale d’association.

Par contre, cette équipe a eu peu de temps à former un collectif. Même quand tout était en place, l’équipe a été divisée en raison des Mondiaux juniors. Moins de deux semaines après la fin du tournoi, le gardien Anthony Stolarz a subi une lacération qui lui a valu 55 points de suture à la jambe et l’a tenu à l’écart du jeu pendant un mois. Cela a forcé le vétéran Jake Patterson à démarrer 17 matchs de suite, notamment une défaite en fusillade aux mains de Plymouth dans un match disputé à l’extérieur au Comerica Park, domicile des Tigers de Detroit.

Quand Stolarz a été suspendu huit matchs en première ronde des séries pour son coup de bâton à la tête de Josh Ho-Sang des Spitfires de Windsor, le retour de Patterson comme premier gardien n’était alors pas une nouveauté.

Comme c’est le cas pour tous ses coéquipiers, il se retrouvait en terrain connu.

« Vous voyez un groupe complet grandir en équipe tout au long de l’année et c’est bien de le vivre », affirme le meilleur marqueur des Knights, Max Domi. « Votre équipe peut beaucoup changer en cours de saison avec l’arrivée de nouveaux joueurs et la façon de chacun de traiter les changements en dit beaucoup sur le hockey et pour moi aussi cela en dit beaucoup sur les Knights de London. Nous embrassons cette réalité. C’est une des raisons de nos succès. »

L’entraîneur-chef Dale Hunter n’a pas nommé de capitaine avant la fin janvier optant pour Chris Tierney, choix de deuxième ronde de San Jose qui est passé de trois buts à sa saison recrue à 40 buts cette saison. Même si l’équipe a été sous la loupe du documentaire de Sportsnet durant toute l’année portant sur leur « Quête pour la Coupe », Tierney a su maintenir une légèreté.

« Chaque équipe est différente d’une année à l’autre », raconte Maton. « L’an dernier, nous avions Harry [le défenseur Scott Harrington, deux fois membre de l’équipe canadienne aux Mondiaux Juniors] comme capitaine, un homme qui évoluait avec un groupe de très jeunes joueurs. Maintenant avec Tierney comme capitaine, il est un peu plus farceur, pas aussi sérieux que Harry. Chaque fois c’est différent. »

Une chose demeure : l’influence des Hunter.

Ils ont les ressources pour faire de leur club un gagnant constant, mais ils recherchent chaque petit avantage aussi microscopique soit-il. Par exemple, Maton a amené un four à convection dans le vestiaire de London. Il servait à mouler des insertions personnalisées que les joueurs plaçaient dans leurs patins pour réduire les blessures liées aux tirs bloqués.

« Quand les séries démarrent, c’est là que la famille est réunie », affirme Maton. « Si vous avez un paquet de joueurs individuels, vous n’irez nulle part. Il y a deux ans est-ce que nous étions la meilleure équipe? Non, c’était Niagara, mais nous l’avons pourtant remporté. »

« L’an dernier, étions-nous la meilleure équipe? Non, c’était Plymouth qui devait l’être et nous les avons vaincus. Est-ce que nous sommes la meilleure équipe cette année? Nous ne sommes pas supposés l’être, mais c’est incroyable comment Dale et Mark [Hunter] ont réuni cette équipe. »

Les Knights arrivent à ce tournoi avec le talent nécessaire. Ils ont quatre joueurs réclamés en première ronde par des clubs de la LNH (Horvat, Domi, Zadorov et l’espoir des Canadiens de Montréal Michael McCarron) et 10 joueurs repêchés, notamment Gemel Smith, qui s’alignait avec l’Attack d’Owen Sound, championne de la Ligue de l’Ontario en 2011, dernière équipe à remporter le titre du circuit avant la séquence des Knights.

Ils sont présents, mais sans le regard du chevreuil sur l’autoroute d’une équipe qui en est à une première expérience.

« Nous avons déjà vécu ce tournoi », rappelle Ryan Rupert, choix au repêchage des Maple Leafs de Toronto. « Nous avons chacun notre expérience des deux dernières années. »

Voyons maintenant ce que cela produira.

Ils comptent réaliser ce que les anciens porte-couleurs des Knights Corey Perry, Danny Syvret, Rob Schremp, Brandon Prust et compagnie ont réalisé sur la même patinoire il y a neuf ans.

Cette fois seulement cela sera fait à leur façon.

Ryan Pyette est journaliste du service des sports du London Free Press.