Les Foreurs d'hier et d'aujourd'hui, une mine d'enthousiasme pour Val-d'Or

mai 20, 2014 - 14:39 HAE

par Patrick King pour la Ligue canadienne de hockey

La scène était tellement familière aux yeux de Steve Bégin.

Les Foreurs sont arrivés à Val-d’Or vers 3 h du matin après avoir vaincu le Drakkar de Baie-Comeau dans le septième match de la finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Les joueurs ont débarqué de l’avion aux petites heures pour être accueillis en plein milieu d’une semaine de travail par les bras chaleureux de leurs partisans locaux qui ne démontraient aucune intention d’aller dormir, du moins, pas avant d’avoir partagé la Coupe du Président avec leurs champions.

« L’aéroport était plein », raconte Bégin, entraîneur adjoint des Foreurs. « C’était plein de monde qui nous attendait. La rue principale au centre-ville était folle. C’est comme ça Val-d’Or!»

Bégin le sait puisqu’il faisait partie de l’équipe de 1998 qui a remporté le premier titre du club. Les Foreurs avaient alors gagné le trophée sur leur propre patinoire, partageant leur réussite avec les partisans, notamment lors d’une fête qui a débordé dans les rues de la ville. Cette fois, 16 ans plus tard, ces mêmes partisans n’allaient pas rater l’occasion de fêter même si la coupe a été remportée loin de la maison.

Bégin espère que l’édition actuelle des Foreurs peut réaliser quelque chose que l’équipe de 1998 (et celle de 2001 qui a remporté le deuxième titre de la petite collectivité) n’a pas fait, soit de remporter le titre national. Connaissant la passion des partisans qui se considèrent comme faisant partie du club autant que les joueurs, une conquête de la Coupe Memorial MasterCard déclencherait des célébrations sans pareil pour la ville de l’Abitibi.

« Val-d’Or, c’est un peu comme Montréal », raconte Bégin, qui a aussi joué avec les Canadiens dans la Ligue nationale de hockey. « Les gens prennent leur équipe au sérieux. Ils sont superbes et ils font partie de l’équipe. C’est tellement une petite ville et c’est super d’y jouer. J’ai passé trois saisons là-bas et j’ai vraiment eu du plaisir. »

La ville du nord du Québec est située à environ 500 kilomètres au nord-ouest de Montréal. C’est une collectivité minière avec une population de 32 000 habitants qui vit au rythme de son club de hockey.

Les partisans ont eu droit à du bon hockey au fil des saisons. La liste des anciens comprend des professionnels notoires comme Bégin, Roberto Luongo, J.-P. Dumont, Brad Marchand et Kris Letang pour en nommer quelques-uns. Anthony Mantha, choix de première ronde des Red Wings de Detroit en 2013 pourrait s’ajouter à la liste tenant compte de tout ce qu’il a déjà réalisé durant sa remarquable carrière junior.

« Jouer pour cette organisation est un grand honneur depuis trois ans », dit-il. « C’est une équipe qui possède beaucoup d’histoire. Ils ont aligné d’excellents joueurs. Mon objectif pour les prochaines années est de devenir professionnel et c’est le rêve de tout jeune joueur de hockey. Je vais tout faire pour m’assurer qu’on parle encore de moi dans les années à venir. »

Les anciens surveillent les Foreurs de près. En plus de Bégin qui travaille maintenant au sein du club, l’attaquant des Bruins de Boston Brad Marchand a envoyé aux joueurs de l’édition actuelle un message vidéo durant les séries éliminatoires, leur souhaitant bonne chance et les poussant à profiter au maximum de ce qui pourrait être l’occasion d’une vie.

Begin leur a transmis le même message rappelant que l’équipe de 1998 a perdu ses trois matchs du Tournoi de la coupe Memorial MasterCard, soit qu’ils profitent de l’expérience et qu’ils s’assurent de retourner à Val-d’Or sans aucun regret.

Bégin revient ainsi aux sources de son parcours de joueur après avoir annoncé sa retraite en janvier pour rejoindre les Foreurs dans un rôle d’entraîneur adjoint pour la course vers les séries éliminatoires. D’une certaine façon, sa seule présence incarne le message qu’il passe aux joueurs puisque l’appel de la patinoire est insatiable.

« Chaque jour je parle aux gars avant les matchs », dit-il. « Je marche avec mon bâton et je leur dis : ‘Vous êtes chanceux les gars. J’aimerais vraiment être avec vous sur la glace pour patiner et jouer. Vous avez une belle occasion. Assurez-vous d’en profiter’. »

« Je leur répète que je me sens comme en prison », blague Bégin du fait qu’il soit si près de l’action, mais incapable de les rejoindre sur la glace. « Vous avez des menottes derrière le banc parce que vous ne pouvez faire rien d’autre que d’encourager les joueurs. Vous aimeriez sauter sur la glace pour les aider, mais vous êtes l’entraîneur. Il faut simplement leur taper sur l’épaule et leur dire ‘Bon travail’ ou encore ‘Assure-toi de faire cela de la bonne façon’. »

Son expérience à Val-d’Or était la même en 1998 que ce que les joueurs qu’il dirige vivent maintenant. L’émergence de Mantha comme prochaine grande vedette au bout d’une longue et impressionnante liste d’anciens de la petite communauté minière indique une chose aux yeux de Bégin.

« Les dépisteurs ont fait du gros boulot », dit-il avec un sourire. « Mantha est un très bon joueur. C’est un franc-tireur. Il marque tellement de buts. Il va être bon (dans la LNH) un jour, j’en suis convaincu. »