Prévision précise

mai 14, 2014 - 04:26 HAE

par Patrick King for la LCH

Mike Kelly se souvient très bien d’avoir planté les semences d’une conquête de championnat.

C’était au début de janvier 2011, deux mois après que Kelly soit nommé directeur général du Storm de Guelph.  La culture dans le vestiaire au mieux et Kelly était en voie de redéfinir l’identité de la franchise quand il a réuni ses trois plus jeunes joueurs à l’écart. Il s’est enfermé dans un bureau pour inviter les joueurs de 16 ans Matt Finn, Scott Kosmachuk et Brock McGinn à mener ce changement de culture et à incarner la nouvelle orientation du Storm.

« Il a dit à Scott, Brock et à moi que nous étions l’avenir de l’organisation et qu’il voulait bâtir l’équipe autour de nous », a récemment raconté Finn. « Nous étions la prochaine vague de leaders et les joueurs qui allaient, on l’espérait remporter un titre à Guelph. »

La transformation ne s’est pas effectuée du jour au lendemain. Kelly a reconnu que son message était semblable à celui qu’il a passé en 1991 quand la franchise a déménagé de Hamilton et qu’il est devenu le premier directeur général de l’histoire du Storm. Plusieurs des valeurs étaient les mêmes en 2011, quand son deuxième mandat de DG a démarré, mais quelque part en cours de route, la recherche de succès individuels a outrepassé celle des succès collectifs.

« Ce n’était pas une question de modèle cassé », raconte Kelly. « Nous devions simplement raffiner ce qui était en place. »

Croyant que les joueurs n’entendaient plus les messages de l’entraîneur-chef Jason Brooks, Kelly a fait le choix difficile de remercier son entraîneur-chef en décembre 2010. Un peu avant les Fêtes, Kelly l’a remplacé derrière le banc tout en se mettant à la recherche d’un successeur.

Ironiquement, Scott Walker était arrivé à Guelph plus tôt durant la saison. D’abord, après 15 saisons comme joueur dans la LNH (à Vancouver, Nashville, en Caroline et à Washington), Walker cherchait toujours des occasions de poursuivre son parcours comme joueur. Son intention en débarquant à Guelph était de maintenir la forme pour la prochaine saison et de rester dans un environnement de hockey dans l’espoir d’obtenir un nouveau contrat.

Désirant d’abord davantage un rôle de copropriétaire, Walker est passé de participant aux sessions de patinage avec l’équipe à porter le survêtement sportif pour donner un coup de main aux entraîneurs pendant les exercices, puis à accepter un poste d’entraîneur adjoint. Une fois Brooks mis à la porte, il a compris qu’il resterait pour aider l’équipe dans sa transition derrière le banc.

« En très peu de temps, je me suis retrouvé entraîneur-chef », dit-il. « Ça s’est fait dans un coup de vent. »

Kelly a aimé ce qu’il a vu durant cette semaine qu’ils ont passée ensemble derrière le banc.

« J’étais de plus en plus convaincu qu’il (Walker) avait les ingrédients que nous recherchions et je crois qu’en grande partie que ça tournait autour de  son exigence de responsabilité », explique Kelly. « Il ne suffisait pas de faire les choses de la bonne façon dans 95% des cas, nous recherchions la perfection. Je savais qu’il plaçait la barre haute et qu’il serait exigeant. »

Le Storm s’est amélioré chaque année après ce coup de barre et en 2012, Walker a finalement acheté des parts du club dont il était l’entraîneur-chef. Son style a certes évolué, mais ses succès reposent dans ce que Kelly avait vu en lui dès le départ.

« C’est un entraîneur intense qui exige le meilleur de vous et c’est ce que vous devez démontrer soir après soir », raconte Finn.

« Vous avez des systèmes, mais tout le monde a ses systèmes », estime Walker. « Peu importe le système que vous adoptez, c’est davantage une question où votre équipe doit croire à votre plan et croire au potentiel des uns et des autres ».

Kelly et Walker savaient que le défi à Guelph était grand. La division Midwest de la Ligue de l’Ontario est régulièrement une des plus relevées de toute la Ligue canadienne de hockey. Ce groupe compte deux géants du hockey junior majeur et clubs phares de la LCH, soit London et Kitchener.

Lutter directement contre la crème de la crème ne vient que solidifier les convictions profondes.

« J’ai vraiment cru que nous allions devoir travailler plus dur comme organisation », estime Kelly. « Nous devions être meilleurs au repêchage. Nous devions être meilleurs dans le développement de nos joueurs repêchés. Nous devions faire en sorte que notre culture soit aussi bonne, sinon meilleure que la leur. Ces deux organisations font de l’ombre, beaucoup d’ombre alors nous tentons de travailler plus que Mark Hunter [DG de London] ou que les gens de Kitchener. La tâche est énorme. »

Même si les Knights accueillent le Tournoi de la coupe Memorial MasterCard de cette année, le Storm a reconnu que son temps était venu. La Repêchage de 2010 sous les ordres de Brooks a été une grande réussite. Les joueurs nés en 1994 et réclamés en 2010 comprennent le capitaine Finn (Toronto), le marqueur de 49 buts Kosmachuk (Winnipeg), le fabricant de jeu et marchand de vitesse McGinn (Caroline), puis Zac Leslie (Los Angeles) et Justin Auger (Los Angeles).

Ces cinq joueurs ont été repêchés par des clubs de la LNH.

« L’histoire non écrite est celle de Jason Brooks qui mérite tellement plus de crédit », raconte Walker. « Six de nos neuf meilleurs attaquants et deux de nos quatre défenseurs sont des choix de Jason Brooks. Cinq des joueurs réclamés en 2010 ont ensuite été repêchés par des clubs de la Ligue nationale de hockey. C’est un repêchage incroyable et incomparable. »

« Nous avons rapidement reconnu que nos joueurs nés en 1994 étaient d’une classe supérieure », affirme Kelly. « Il nous faisait alors beaucoup de sens d’essayer d’ajouter à ce noyau pour tenter d’atteindre le sommet dès cette année. »

Le Storm a acquis Kerby Rychel et Nick Ebert dans une mégatransaction avec Windsor en décembre. Cet échange était délicat puisque les droits de Rychel étaient négociés par son père Warren, directeur général et copropriétaire des Spitfires.

« Puis que c’est ma dernière année chez les juniors, je savais qu’il y avait une possibilité que je sois échangé », raconte Rychel. « Bien sûr c’est un peu différent dans mon cas puisque j’étais échangé par mon père. Nous avions une relation à la patinoire où il était DG et j’étais joueur de hockey, puis je retrouvais la relation père-fils une fois sorti de l’aréna. »

Rychel a ajouté une dimension physique en plus d’offrir ses attributs offensifs. Son penchant pour le jeu agressif et son entêtement à se positionner devant le filet sont deux des raisons pourquoi le Storm savait qu’il allait avoir une incidence sur le jeu.

« Il est un peu fou autour du filet parfois », affirme Finn. « C’est le genre de gars que tu haïs affronter, mais sur lequel tu veux compter dans ton équipe. »

Le plus gros point d’interrogation avant le début de la saison se trouvait devant le filet. L’ex-partant Garret Sparks était passé chez les professionnels, laissant le Storm avec deux options sans trop d’expérience. Même si Justin Nichols n’avait pas vraiment été testé comme substitut à Sault Ste-Marie l’année précédente, le Storm a aimé ce qu’il a vu et l’a acquis en retour d’un choix de troisième ronde en septembre.

Guelph n’était pas trop certain de son acquisition sur le moment, mais Kelly aimait la conviction des rapports de ses dépisteurs. Alors que la date limite des transactions approchait, il a dû prendre une décision de poursuivre avec Nichols ou d’aller chercher un gardien plus expérimenté pour les séries éliminatoires.

« Je suis heureux d’entreprendre les séries avec ce gars comme partant devant le filet. (Justin) est une personne de qualité, il possède une excellente éthique de travail, un caractère en or et il est fiable », a répondu Kelly sur cette question.

Après avoir pris le premier rang du classement général de la saison régulière, le Storm a profité de la profondeur de son alignement pour écarter les Knights et les Otters d’Érié qui ont terminé au troisième et au deuxième rang du classement général. Cette profondeur a été bâtie lors du Repêchage de 2010.

« Je me souviens de cette réunion comme si c’était hier », rappelle Kelly à propos de sa rencontre avec Finn, Kosmachuk et McGinn pour les identifier comme les joueurs d’avenir du club. « Nous voici trois ans et demi plus tard et ces gars sont nos piliers ».

« Je crois que nous avons tous pris cette rencontre au sérieux », affirme Finn. « Nous voulons tous gagner. »

Patrick King est chroniqueur sur les activités de la Ligue canadienne de hockey pour le compte du site Sportsnet.ca.